Installer un cabinet dentaire sur un catamaran, c'est le projet de Chloé Gautier et Antoine Gloanec.
Elle est webdesigner, il est chirurgien-dentiste. Ils vont traverser l'atlantique pour faire du dépistage et de la prévention à bord.
Ils nous racontent en détails leur projet qui déjà prend forme.
A quoi va ressembler le bateau ? Le cabinet à bord ?
La base est un catamaran de 13 mètres : un cabinet dentaire sera placé sur la nacelle, avec le fauteuil et le matériel pour les consultations. Dans une des coques se situera la partie stérilisation. Sur ce bateau, l'habitacle sera très épuré, de manière à donner vraiment l’impression d’être dans un cabinet dentaire. Nous serons sur l’eau, les patients se sentiront sur un bateau, mais l’idée est de retrouver l’environnement d’un cabinet.
Comment vont se passer les consultations ? Ce que nous souhaitons avec Chloé, c’est de bien organiser le déroulement des consultations. Grâce à internet, nous aurons un agenda en ligne. Nous ferons monter à bord une famille à la fois, nous devrons veiller à respecter les principes de sécurité pour les enfants et leurs parents.
Comment imaginez-vous le déroulement d’une consultation à bord ? J’imagine une famille avec deux ou trois enfants qui monte à bord, un bilan bucco-dentaire est réalisé, nous discuterons avec les enfants et les parents des bons gestes à adopter, par exemple comment bien se brosser correctement les dents. Ce sera une consultation familiale.
Vous avez l’habitude des conditions de travail et de soins de votre cabinet, de quoi pourriez-vous être inquiété sur le bateau ? Il faut que le bateau soit suffisamment équipé pour répondre à certains besoins d’urgence aussi. Nous ne voulons pas faire de soins à bord, nous n'en avons pas le droit. C’est impossible parce que notre bateau sera en mouvement (changement de port, escales…). En revanche, nous souhaitons équiper le bateau pour pouvoir faire des soins d'urgences. Nous allons passer par des zones où il y aura des demandes de soins un peu plus humanitaire, nous aimerions faire certaines opérations ponctuelles, en parallèle du projet.
Comment avez-vous choisi les ports d’arrêt ? Nous voulons couvrir une bonne partie de la France, nous avons pris en compte les zones accessibles pour le bateau, les écoles aux alentours, nous essayerons de rayonner au maximum pour couvrir le territoire côtier. Ensuite, rien ne nous empêche de prendre une voiture pour aller dans les terres afin de visiter des écoles qui ont plus de besoins. Ce qui est particulièrement le cas en France !
Comment va se préparer le voyage, les prochains mois ? Depuis plusieurs mois que nous démarchons tous les acteurs susceptibles de soutenir le projet, de manière à pouvoir créer un bon réseau. Ce projet sera gratuit pour les écoles et les familles. Il faut donc le financer grâce au soutien de partenaires privés (sponsoring, mécénat). Plus on en parlera dans les médias, plus nos chances de réunir le budget de fonctionnement augmenteront. Nous travaillons beaucoup sur ces terrains-là. Si tout va bien nous aurons le bateau en juillet 2016. De juillet à fin 2016, nous devons prendre en main le bateau, finir de l’équiper. A la sortie du chantier, il restera un important travail d’aménagement. Le bateau va aussi servir à faire de la prévention à l'occasion de deux gros événements médiatiques :
- le "Brest 2016", événement majeur dans le milieu du nautisme, le bateau sera sur le port dans l’espace "nouvelles technologies". Nous ferons monter à bord les enfants, ce sera notre première intervention à bord. Nous ferons connaître le projet, cet événement devrait être un bon levier pour mobiliser nos partenaires.
- le deuxième événement sera le départ du "Vendée Globes 2016" aux Sables d'Olone, nous essaierons aussi d'être déjà présent dans le port deux semaines avant le départ.
Notre départ est prévu pour 2017. Avez-vous déjà fait une traversée aussi longue ? Nous avons traversé l’Atlantique avec Chloé ma compagne, dans le cadre de la mission HP, c'était une course en double qu'on peut qualifier de sportive ! Fort de cette très bonne expérience, nous pouvons partir sur un projet aussi ambitieux.
Quel sera le rôle de votre partenaire Chloé ? Son rôle est de monter le projet avec moi, utiliser les outils de communication actuels, présenter le projet aux entreprises, sur internet et les réseaux. Elle va notamment mettre en place le site internet qui va permettre de programmer les consultations à bord ainsi que l’application dédiée à la prévention pour les enfants. Nous serons ensemble pour communiquer dans les écoles et participer à la prévention.
Qu’est ce qui vous pousse à faire ces missions ? Je pense que c’est le plaisir et le défi de monter des projets comme cela, autour d’une passion, d’un métier, d’une cause. Bâtir le projet me plaît beaucoup. C’est de l’entreprenariat, une fois lancés dans le projet, nous avons chaque jour envie d’aller plus loin. C’est ambitieux c’est vrai mais c’est un beau projet, un beau projet de vie surtout.
Quelle pourrait-être la prochaine étape ? Quelle suite pour ce projet ? C’est l’objet d’une importante réflexion en ce moment, pour déjà anticiper la suite. Nous devrions nous dire : « chaque chose en son temps » mais nous devons être capables d’imaginer la suite, c'est ce que nous demandent les gens qui travaillent avec nous. Alors, pourquoi pas, à travers ce projet, montrer aux instances compétentes que le métier de dentiste nomade peut-être un véritable métier et leur demander les autorisations, au même titre qu’un cabinet en ville, afin que le praticien puisse réaliser des soins et que les patients puissent se faire rembourser.
Il y a toute une réflexion qui peut se faire autour de l'idée suivante : « nous nous déplaçons dans des endroits où il y déjà des dentistes et donc nous leur prendrions leur travail ». Il faut se demandant quelle est la vraie demande ? Est-ce que tous les besoins en soins bucco-dentaires sont couverts par les dentistes en place ? Dans certaines zones, il n’y a pas suffisamment de praticiens, voir pas du tout. En traversant toutes les zones littorales françaises, nous pourrons faire des relevés pour étudier les besoins. Il faut encore y réfléchir mais cette démarche pourrait aboutir à la création d’un nouveau métier : "dentiste itinérant" , un nomade des mers !
Ce qui est bien avec cette aventure, c’est qu’on arrive à créer des liens avec des partenaires qui s’investissent durablement avec nous depuis le début.
La base, c'est de structurer un projet simple de départ, le faire vivre, puis, découvrir si il y a d’autres demandes, d’autres besoins. Et ce qui au départ est un petit projet, peut devenir un projet pionnier pour faire autre chose. Je ne sais pas ou on s’arrêtera...
Pour en savoir plus sur ce projet, rendez-vous sur le site internet de
Ocean Dentiste ! Vous pouvez également lire ou relire notre article :
Un cabinet dentaire sur un bateau ! Photo : Antoine Gloanec et sa partenaire Chloé Gautier