Suite à de nombreuses plaintes, l'association AIDES a découvert qu'un tiers des chirurgiens-dentistes grincent des dents à l'idée de prendre en charge des patients séropositifs. Une discrimination inadmissible pour les militants de l'association.

Alors que l'article 11 du Code de déontologie dentaire exige des chirurgiens-dentistes qu'ils soignent avec la même conscience tous leurs patients, et cela quel que soit leur état de santé, la première association française de lutte contre le sida (AIDES) a révélé mercredi qu'un tiers de ces praticiens auraient refusé des soins à des personnes séropositives.
Alertée par des personnes vivant avec le VIH sur de nombreux cas de discriminations dans l'accès aux soins dentaires ou gynécologiques, l'association AIDES a alors décidé de prendre les choses en main et d'apporter les preuves de ces injustices. «Cela fait des années qu'on nous fait part de refus de soins ou de difficultés à y accéder. Nous n'avions pas de données concernant ce problème, nous avons donc cherché à obtenir des éléments factuels correctement mesurés, avec une méthode transparente préalablement établie», rapporte au Figaro Marc Dixneuf, directeur général d'AIDES.
En toute confidentialitéC'est donc en toute discrétion qu'en avril dernier, 44 militants d'AIDES ont participé à l'enquête, épaulés par des dentistes et des gynécologues. «Nous avons formulé une hypothèse: des discriminations dans l'accès aux soins des personnes séropositives existent. Pour l'éprouver, nous avons réalisé une expérience sous la forme d'un testing téléphonique», explique Marc Dixneuf. Utilisé dès les années 1980 par l'association SOS Racisme en France, le testing, est une forme d'expérimentation sociale en situation réelle destinée à déceler une situation de discrimination.
Pour cette enquête, 440 chirurgiens-dentistes et 116 cabinets de gynécologie répartis sur l'ensemble du territoire ont été tirés au sort. Ces deux spécialités ont été choisies car elles concentraient la majorité des plaintes. Chacun de ces 556 praticiens a été contacté suivant des scénarios identiques par deux testeurs ayant les mêmes caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, couverture maladie), mais se distinguant par leur séropositivité. Alors que l'une des personnes annonçait sa maladie au téléphone - cela arrive fréquemment en pratique car les individus porteurs du virus préfèrent anticiper un refus frontal du médecin -, l'autre ne disait rien.
Les motifs de consultation choisis étaient volontairement simples (détartrage et frottis), afin que les actes ne puissent pas être l'objet d'une redirection vers un médecin spécialiste ou vers un service d'urgences.
1 refus sur 3Et les résultats confirment bien les plaintes reçues par l'association. Si, pour près de 60% des cabinets dentaires et pour la grande majorité des gynécologues (85%), les pratiques de soin, l'accueil et la communication ont été conformes à la déontologie médicale, un tiers des testeurs se disant séropositifs se sont vus refuser la consultation auprès des chirurgiens-dentistes, soit 148 cabinets sur 440 qui n'ont pas respecté la loi.
> Lire la suite sur le figaro.fr