La méningite, une urgence absolue

Ses symptômes sont difficiles à identifier, et si rien n'est fait, cette maladie peut tuer en 24 heures ou laisser des séquelles définitives.


La méningite est une urgence absolue qui nécessite la mobilisation de tous. Tel est le thème de la campagne d'information lancée mardi par les associations Petit Ange et Méningites France - Association Audrey. Leur but est d'alerter les parents au moyen d'affiches placées dans les salles d'attente d'un millier de cabinets de pédiatres et de PMI (Protection maternelle et infantile), dans toute la France. Et, en cette journée nationale contre la méningite, un colloque est organisé au ministère de la Santé, notamment pour envisager les meilleurs moyens de prévenir cette redoutable maladie (il existe des vaccins contre certains types de méningite).

La méningite est, comme son nom l'indique, une inflammation des méninges, ces membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Cette inflammation entraîne une sécrétion anormalement importante de liquide céphalo-rachidien, ce qui augmente la pression et peut provoquer des dommages. Le plus souvent, elle est due à un virus : il s'agit alors d'une forme bénigne, qui guérit sans difficulté. Mais dans 20 à 30 % des cas, selon les estimations, c'est une bactérie qui est en cause - les trois principales sont l'Haemophilus influenzae de type B, le pneumocoque et le méningocoque - et les conséquences sont bien plus graves.

L'Haemophilus influenzae est une bactérie très répandue qui ne pose en général pas de problème particulier. Mais à l'occasion d'une baisse de forme, l'Haemophilus influenzae de type B peut provoquer une sinusite, une otite, une bronchite... voire une méningite. Le pneumocoque est lui aussi commun, et présent dans les voies respiratoires de nombreuses personnes. Il est à l'origine de problèmes peu graves, comme les sinusites, otites et pharyngites, mais aussi parfois de méningites et autres problèmes sévères. Enfin, le méningocoque est responsable des méningites les plus sérieuses. Il est impliqué dans 80 % des cas chez le nourrisson. Une maladie qui tue en 24 heures "En France, la méningite à méningocoque est une infection sous surveillance, puisque c'est une maladie à déclaration obligatoire", rappelle le docteur Jean-Philippe Leroy, responsable du centre de vaccination internationale au sein du service des Maladies infectieuses du CHU de Rouen. C'est pourquoi le nombre de cas annuels est connu : un à deux par jour sur le territoire national (soit en fonction des années entre 500 et 800 cas), dont environ 10 % décèdent malgré la mise en place d'un traitement adapté. Malheureusement, les symptômes de la méningite sont variés (fièvre, maux de tête, vomissements, phobie de la lumière, raideur de la nuque, tache rouge anormale) et n'apparaissent pas dans un ordre particulier. Ils sont parfois précédés par d'autres signes, que les mères repèrent sans pour autant penser à cette affection : leur enfant n'est "pas comme d'habitude", il est grognon, irritable et difficile à calmer.

La campagne lancée aujourd'hui devrait donc inciter les parents - et les professionnels de santé - à identifier ces premières manifestations. Au risque de les rendre hypocondriaques et paranoïaques pour leur progéniture ? C'est peut-être le prix à payer face à une maladie qui progresse très rapidement. La méningite bactérienne peut en effet tuer en 24 heures ou laisser des séquelles invalidantes, chez 20 % des jeunes malades.

Article de Anne Jeanblanc
Le Point.fr